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Un an déjà

par Jean Marc Delecluse

Raymond Joly
(14 avril 1927 – 9 février 2013), voir notre bulletin N° 22 In Mémoriam avec les notes de bas de page

Hommage prononcé par Jean-Marc Delecluse
lors de ses obsèques civiles dans le cimetière d’Onzain, le 15 février

Je me suis interrogé : Pourquoi m’avoir demandé de prendre la parole lors de sa « mise dans la terre d’Onzain »1 qui lui était devenue si chère... ?

Il n’a eu que de rares2 occasions de m’écouter dans ce rôle de communiquant qui me décontenance profondément ...
Qu’attendait-il de moi ?
De l’originalité ? De la sincérité ? De la reconnaissance de l’estime que j’avais pour lui et qui devait être réciproque quoiqu’en général non exprimée ouvertement, ne serait-ce que par pudeur !
Mais pourquoi la demander pour des obsèques civiles, alors qu’il n’est plus là pour l’entendre ?
Peut-être justement parce qu’il est désormais absent...

Lui-même affectionnait cet exercice verbal d’hommage nécrologique qu’il écrivait avec soin.
Il n’est ni question de le « pasticher » ni de m’esquiver !
Entre devoir et droit, je m’octroie le droit d’exprimer notre amitié et le devoir de satisfaire une de ses dernières volontés... sans clichés3, sans discours attendu, sans éloges surfaits !

Tout un chacun présente ses « condoléances » à la famille du défunt, je leur préfère en général ma « sympathie » sun – pathos que je pourrais traduire par « partager la douleur », ce qui revient à dire la même chose qu’en latin cum – dolor. Mais je pense surtout que cette séquence d’érudition aurait plu à Raymond Joly, notre érudit local.

J’ai commencé à y penser dimanche sur le chemin du CHB4 qui m’est devenu familier les jours où les services hospitaliers sont restreints, mais c’était triste comme un dimanche en ville. Je ne voudrais pas non plus que ce soit comme un samedi soir de sortie et de tapage nocturne, mais plutôt comme un vendredi soir, un de ces vendredis de conférence au GELO5 qu’il animait dans la salle des Granges à Onzain, ou dans le cycle de la « Vallée de la Cisse » auquel il participait activement toujours à Onzain, ou partageait en tant qu’auditeur, puis lecteur du Comité de publication jusqu’à ces dernières semaines.

Dernières semaines, derniers jours... et sa disparition soudaine nous surprend tous... crée le désarroi, l’émotion : un arrêt sur image !
Quelles images ?

Les secrétaires de notre association se sont rendus tour à tour dans cet espace restreint de la chambre d’hôpital du service « pneumo’ » pour ce que lui seul ressentait comme une « dernière visite » et nous échangions nos impressions. Aucun de nous6 trois n’a voulu se rendre au funérarium7 pour garder de lui cette image de complicité et de confidentialité qui nous avait été octroyée lors de ces instants privilégiés.

Un autre membre8 de notre comité sur le coup de l’émotion de la nouvelle du décès écrivait : « Je crois que ce qui caractérisait Raymond Joly, était son côté humaniste, c’est-à-dire sa délicatesse, son attention aux autres dans une attitude de grande modestie et de respect des personnes qu’il côtoyait. Je n’ai jamais vu chez lui, une trace d’envie, de jalousie, un trait de méchanceté ou de jugement partial, vis à vis des autres. En ce sens, il était un modèle du travail associatif et collectif dans le respect des autres ».

Un autre fidèle9 écrivait plus traditionnellement : « Raymond était présent au GELO depuis sa création en 1992, date où le GELO s’est séparé du Syndicat d’Initiatives d’Onzain et est devenu autonome sous la présidence de Guy Lemoine. Successivement vice-président, secrétaire-adjoint, puis secrétaire, il en assurait l’animation et le fonctionnement depuis 1993, recherchant des conférenciers, programmant les séances et assurant la réalisation du bulletin bisannuel avec un inlassable dévouement. Il était président depuis mai 1998. »

Dans ces circonstances que vous partagez avec nous tous, aujourd’hui vendredi, nous pouvons regarder en arrière et nous demander qui il a été et qui il demeure pour nous, ses amis.

Je dirais donc simplement son attachement à Onzain, puisqu’il a voulu y être enterré pas loin de Guy Lemoine, de Jacques Cartraud et de tant d’autres10 qu’il a côtoyés. Son intérêt bien visible et quotidien pour la commune d’Onzain11 au sein de laquelle il a été conseiller municipal et adjoint au maire, et l’est encore par personne interposée12.
Son attachement à la culture avec un grand C, lors des journées du patrimoine pour ne citer que cette manifestation annuelle...
Sa fibre « pédago’ » fort ancienne sans doute puisqu’il évoquait l’établissement scolaire qu’on lui avait confié pour une « expérience pédagogique »13 originale après mai 68, mais constante dans son approche tant avec les adultes qu’avec les enfants.
La transmission lui était naturelle et s’il s’était imprégné des « sorties » des sociétés savantes14 dont il était membre, en suivant André Prudhomme, Jean-Paul Cabarat et plus loin, Jean Martin-Demézil, il organisa pendant des années pour l’UNRPA d’Onzain, leur voyage apprécié du vendredi, puis du mercredi15.
Raymond était sensible à ce que ses confrères présidents d’associations culturelles reconnaissent l’existence de la « sienne » en les recevant notablement16 lors des séances des mois de mai et décembre à Onzain.
Raymond était satisfait de l’étroite collaboration avec son vice-président17, entente qu’ils avaient su l’un et l’autre créer alors qu’ils avaient eu des cheminements individuels si différents, et il s’amusait de cette disparité réunie et réussie !

Si je devais débattre d’une théologie de bas étage qui me vaudrait l’ire18 de certains de mes amis proches qui me taxeraient d’hérésie19, je dirais que la mémoire pour moi étant une « parcelle d’âme », je voudrais RETENIR dans tous les sens du terme, garder en mémoire et maintenir le plus longtemps possible, le souvenir de certains regards de notre ami Raymond.

Celui du regard évité quand il évoquait la disparition récente de son « jeune » frère20 décédé du même mal qui devait l’emporter...
Celui du regard tendre en coulisses vers sa « jeune » épouse21, satisfait de dire qu’il était plus âgé qu’elle et qu’il avait atteint l’âge22 qu’il avait...
Celui surtout de l’œil malicieux qu’il avait quand il quêtait l’approbation d’un propos d’humour.

C’est cette image-là, moi qui l’ai observé tant de fois derrière mon objectif photographique ces dernières années, que je veux retenir et qui revient naturellement en image mémorielle dès que je pense à lui.

J.-M. D.

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